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  • Writer's pictureCathline Smoos

InBedWithOcean : N’est-il pas antinomique de lier sexualité et technologie ?



Des heures à réfléchir aux vœux que nous ferions, si un génie sortait de cette foutue lampe d’Aladin, vaut-il mieux être riche ou beau, quel pouvoir nous ferait vibrer pour l’éternité ? A bien peser les avantages de tous les pouvoirs possible, la téléportation m’a toujours semblée être le pouvoir le plus intéressant, fantasme partagés par une bonne partie de la population. Le génie de la science, a écouter notre demande, et s’efforce depuis des années de nous offrir ce rêve de téléportation, par le biais des techniques d’immersion virtuelle.



Et maintenant que nous nous rapprochons à grand pas vers ce fantasmes de vies multiples, d’élimination des frontières physiques, nos angoisses augmentent. Blanc ou noir, nos angoisses nous empêche de penser la nuance, il faut choisir, soit c’est le virtuel soit c’est le réel, Bright Mirror ou Black Mirror. A vouloir tout unifier, tout standardiser, nous clivons notre futur plus que nous ne l’ouvrons.


J’ai toujours rêvé d’être téléportée. J’ai toujours rêvé de vivre mes rêves dans une réalité. J’ai toujours eu du mal avec les contraintes. J’ai toujours voulu voir plus et plus loin. J’ai toujours aimée rêver, imaginer éveillée. J’ai toujours voulu expérimentée, vibrer, baiser, sans contrainte, comme dans un rêve.


Certains ressentent un inconfort idéologique avec l’idée de se retrouver dans une sexualité assistée par technologie. Et c’est tout à fait normal. L’utilisation du terme sexualité lorsque l’on parle de technologie, crée un rejet qui nous semble profondément humain, alimenté par un imaginaire collectif puissant, de récits de science-fiction à l’image de « BlackMirror » ( Série Netflix).




La crainte de l’externalisation de la sexualité de l’individu, une fonctionnalité profondément humaine, définissant même son identité, et son humanité, nous fait froid dans le dos.


Que seront nous si nous nous enlevons cette sexualité qui nous est propre et la transférons à la technologie ?



C’est en partie, le réel débat éthique qui s’installe depuis quelques années sur les robots sexuels. Cependant, notre performance expérimentale, ne s’inscrit pas dans ce débat. Notre expérimentation, n’a pas à cœur d’externaliser notre sexualité, de nous ôter notre plaisir de la chair, mais bien de gagner en sensualité et en expérience. Nous avons donc fait le choix, d’emprunter le terme de Yann Minh, cyberesthésie pour qualifier notre performance InBedWithOcean.


En effet la sexologie doit rendre à césar ce qui est à césar, je différencie donc la cyberesthésie de la sexualité, même si elles évoluent dans un espace commun entre imaginaire et corporalité. Au même titre que nous différencions l’estomac et le cœur qui se partagent un même territoire, bien que l’amour nous « noue l’estomac, et nous serre le cœur », et que nous avons « des hauts le cœur » lorsque notre estomac nous fait des torts.


« La cyberculture contemporaine constitue un ensemble de phénomènes qui exprime l’influence que peut avoir l’imaginaire sur la réalité et le monde ambiant. » (Johanna Jarvinen) ,

elle est le visage actuel d’une évolution progressive, passant du dessin, de la peinture, à la photo, au cinéma, à la radio, elle est aujourd’hui amplifiée par la technologie virtuelle et/ou immersive.


Cette immersion via la technologie, nous permet de mettre en jeu l’épreuve de la réalité, décrite par Freud. Elle nous offre un autre type de symbolisation et de vécu de nos rêves et fantasmes. Elle est l’adaptation virtuelle et réelle de notre dispositif onirique originel, « le dispositif onirique et le patrimoine fantasmatique inconscient sont là dès le début de l’existence pour offrir les ressources et les éléments fonctionnels de la virtualisation, non seulement des objets sources de plaisir mais aussi du plaisir même, à travers des procédures d’anticipation, de reviviscence, de détours divers… autrement dit de mis en œuvre d’une certaine appropriation de l’absence et du manque inhérent à la temporalité vécue comme aux pulsations pulsionnelles » .


« On peut facilement critiquer le cybersexe, dans les cyberespaces, où l’avatar ne reflète « rien du réelle », où le corps se couvre de ruses, de signes et d'apparences, où la réalité des rencontre érotiques se définit par rapport à l’imagination, les impressions, la simulation, et les jeux de rôle. Mais n’est-ce pas la même chose que ce que nous retrouvons actuellement sur la toile des réseaux sociaux, filtre d’image, vie de rêve mise en avant, construction virtuelle d’une vie remplie sans déboires, etc. » (Johanna Jarvinen Tassopoulos),

SecondLife comme Facebook, ou Instagram agissent finalement comme des paradis artificiels, tout autant que la technologie et ses dispositifs immersif.


Je terminerai par cette citation de Henry Miller dans Le monde du sexe, publié en 1940

"Avec l’élimination de la peur, on peut concevoir que la vie sexuelle se mette à bourgeonner au delà de nos rêves les plus fous. Dans nos rêves, nous vivons indifféremment au passé et au futur. C’est l’homme virtuel, indestructible, qui se met à vivre en rêve. Il « est », et il n’y a plus pour lui de censure : tabous, lois, conventions, coutumes sont annihilés. Dans le domaine du sexe, c’est le seul temps de liberté qu’il connaisse jamais."

Alors pourquoi pas ?

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